Aussitôt
que la lumière,
A redoré nos coteaux
Je commence ma
carrière
Par visiter mes tonneaux
Ravi de revoir
l'aurore
Le verre en main, je lui dis
Vois tu sur la
rive more
Plus qu'à mon nez de rubis ?
Le plus grand
roi de la terre
Quand je suis
dans un repas
S'il me déclarait
la guerre
Ne m'épouvanterait
pas
A table, rien
ne m'étonne
Et je pense quand
je bois
Qi là-haut
Jupiter tonne
Que c'est qu'il
a peur de moi
Si quelque jour
étant ivre
La mort arrêtait
mes pas
Je ne voudrais
pas revivre
Pour changer
ce grand trépas
Je m'en irais
dans l'Averne
Faire enivrer
Alecton
Et planter une
taverne
Dans la chambre
de Pluton
De ce nectar délectable
Les démons
étant vaincus
Je ferais chanter
au diable
Les louanges
de Bacchus
J'apaiserais
de Tantale
La grande altération
En passant l'onde
infernale
Je ferais boire
Ixion
Au bout de ma
quarantaine
Cent ivrognes
m'ont promis
De venir la tasse
pleine
Au gîte
où l'on m'aura mis
Pour me faire
une hécatombe
Qui signale mon
destin
Ils arroseront
ma tombe
De plus de cent
brocs de vin
De marbre et de
porphyre
Qu'on ne fasse
mon tombeau
Pour cercueil
je ne désire
Que le contour
d'un tonneau
Et veux qu'on
peigne ma trogne
Avec ces vers
à l'entour
Ci-gît
le plus grand ivrogne
Qui jamais ait
vu le jour